discordant



Je suis imbécile, par suspension de pensée, par mal-formation de pensée, je suis vacant par stupéfaction de ma langue.

Antonin Artaud, Le Pèse-nerfs





je suis homme par mon père, femme par ma mère, de gaieté je suis en route tout le temps. je n'ai pas de corps entier, mais morcelé. histoire de strates d'histoires, pas que les miennes. avec force mots c'est dire. corps acharné profond, allures de cinoche en v.o. quelques uns des mots dont j'use sont de moi. je suis un état organisé particulier, mais pas que et tant mal que bien. quelques uns des mots viennent de loin, j'en mésuse parfois. je n'ai pas tant de tête que ça. il y a des flux, hautes et basses marées, des traverses, sorte de système ouvert




corps sans idée, si peu, si peu souvent. je n'ai pas de sens de ma vie. d'autres voudraient s'en charger. je me survis tout le temps. rééquilibrer tout ça, droit le chemin, tant aimeraient bien s'en charger, je ne sais pas toujours faire plaisir. quelques uns de mes mots sont en ma préférence. ils ont des parcours pas pareils. je ne rejoins pas tout le monde tout le temps




à peine dit c'est déjà bougé, c'est déjà jamais ce ne serait jamais. libre c'est une chance pour les autres. de gaieté, je suis hors d'équilibre. par mon père, homme, par ma mère, femme. ça doit être ça. je dis je, vieille habitude, des antécédents dans les phrases dans les bords des routes. y ai laissé plumes. des arrachements, des gouttes de sang. je dis beaucoup de choses. de quelles différences. je, est un parachute, je est une source d'inspiration, des fous rires. ça tombe longtemps. corps a sa physique. émerveiller mirettes. n'en fait qu'à folie, palpitant palpite. en perdre mots est à les offrir



homme par ma mère. pas tant organisé, état particulier. je cours après les fleurs. je vis comme le doute. et tombe, la syncope est mon alliée. ruptures de ban. homme par mon homme, je suis femme hors des femmes. pas même compliqué, je ne me ressemble pas. à même les fleurs. c'est un peu fragile, des fois, du dedans avec les forces multiples. étranglement des peurs. alors j'écris pour mieux. disparaître. question sans réponse. je ne suis pas une unité de mesure. la paix est loin d'être une garantie, ma paix n'est pas un bon d'achat, homme par leurs guerres leurs soubresauts



le tranchant de la lame sur ma langue. qui n'est pas ma langue, mais on s'attache, on se répète mi-homme, mi-bête. parfois même on se traduit. brasse folle. je n'ai pas de recettes. que je ne pense pas, c'est assez d'espoir. je suis femme les yeux fermés. de confiance, je perds, mon moulin mon moulin va trop vite, mes amulettes d'une vie, mon moulin mon moulin va trop fort. et tombe les vies des autres, sans peur de ne pas trop, ni savoir. d'où un peu hallucinatoire, la mémoire




par ma mère, homme, parfois sans moi. feux d'artifices, je ne me rassemble pas. exercices de variétés. je mange les pissenlits et les racines. il y a des épines, sorte de système à la spinoza. je suis à peine à moi, pas la peine d'en pleurer de surcroît. du bois pour l'enfer. homme, je dis je, avec des antécédents démembrés, fille loreley sous la mitraille. état particulier, ça doit être comme ça. bête tout le temps, je suis ce que je ne suis pas, très près de tes naseaux velours cheval, très près de tes pattes insectes. Tu ne connais pas mes pays, les meutes serrent les rangs tout le temps le doute dérochant, mais gambader, avec les amours, fors le doute. c'est tout moi. et manger, tous les jours, avec le monde qu'a rien




de gaieté à ne rien comprendre je suis homme tout le temps, j'oublie mon père. il y a du métier à cassures césures cruautés. par ma fille, femme, j'écarte la plaie, garçon démembré. rien de semblances. il y a du métier. état organisé particulier, mais pas que, mimosa plus qu'homme ou amant. je manque aux rendez-vous. dommages collatéraux à donner du front. les fourmis grignotent pans du ciel. je, est un sujet bizarre. à risques, doigts en éventail. rien que la vie à bander. je perd la tête et les nords morts-nés à ne savoir jamais. c'est merveilleux cette affaire est la nôtre








On demande à E. Satie comment vous appelez-vous ?

- E. Satie répond-il, comme tout le monde.



Claude Favre2023, inédit