PAPILLES

Ici nous souhaitons diffuser et faire circuler tout ce qui œuvre dans la langue et sur la langue. Lieu de passage aussi musclé qu’une rivière agitée. Les écarts, les discordes et les désaccords nous intéressent, pourvu qu’au bout des lectures et des réflexions, nous creusions quelque chose comme la mer.




je, est un sujet bizarre. à risques, doigts en éventail. rien que la vie à bander. je perd la tête et les nords morts-nés à ne savoir jamais. c'est merveilleux cette affaire est la nôtre (...)




chante l'histoire, le grec et le latin, et l'histoire des galettes
sacrées offertes aux déesses, et chante l'amie-compagne
(...)




Je m'appelle Joyce Rivière / Kathy Acker et j’œuvre à la destruction de l'argent qui conditionne tout. (...)




Dans ce livre, le passage au français est ainsi le résultat d’un dispositif particulier.
J’ai fait traduire chacun de mes poèmes par des amixes qui, n’étant ni professionnelxles, ni toujours très familièrxes de l’anglais, s’approprient les textes singulièrement. (...)




Habituellement, un Dictionnaire a pour objectif de stabiliser le sens d’un mot, à partir du relevé de ses usages les plus fréquents. Ici, le but est inverse : il s’agit plutôt de pluraliser le sens, de l’affoler, de questionner le consensus, et d’ouvrir les termes et les concepts à de nouvelles généalogies et interprétations.




Je m'appelle Arthur Rimbaud
et je suis gouine
une vraie gouine qui aime l'autre trempée
aux bouts des doigts serrés
(...)




Le saut en hauteur lui fut
interdit quand on s'aperçut
qu'enroulée sous son froc
sommeillait une trompe d'éléphant
(...)




C’était tout de même rassurant de lire que le doux n’empêchait pas l’insolence / que le doux pouvait être une arme contre la verticalité des autres.
(...)




Faut sentir là ce que ça fait au creux du cou l’odeur. L’identité entière. La pleine reconnaissance.
(...)




Les Orcantes-Platypus, bien qu’humanoïdes, partagent leur mode reproductif avec les ornithorynques. Olls sont des monotrèmes : des mammifères qui pondent des œufs.  Olls sont aussi hermaphrodites, autant que genderfluid, et olls apprécient d’orner leurs mamelles de coques de patelles lors des rares naissances. (...)




La main de ma mère avait une main à elle. Ma mère, pour me tenir, utilisait sa main ; la main de ma mère, elle, utilisait sa main. (...)




Il existe sans doute une sorte de coquetterie de la disparition et je crois qu’on peut se faire aimer de quelqu’un rien qu’en lui disparaissant. (...)




Ne dites plus "péripatéticienne" : faites comme tout le monde, dites "escort". Par quel tour de passe-passe une société réussit-elle à renommer la vile prostitution en un terme propret, voire positivement connoté ? (...)




prenez mes doigts, faites-en des briques réfractaires. (...)




Oll a le plat du bec couronné de curves lignages qui disent son âge sa durée. Oll s’engage dans le courant ascendant vers ses concubinls, le groupe décidé pour le partage des chairs. Son cabochon de mésoglée s’entortille à chaque poussée avant-arrière, avancée palmée d’un point A à B : arbriss-eau vers borderline. (...)




Deux romans de libération féminine lus et présentés par Vlasta Ray (...)




Toi 
Ce que tu vois
Entends ou désires
Je ne sais pas 
(...)




Il paraît que l'odeur, ce sont des molécules. Respirer le parfum d'un corps, d'une chevelure, c'est l'avaler un peu. Goûter une personne, ingérer les infimes particules de son être. (...)




Lo monstrel aux épis abaxiaux suit la courbe du soleil. Oll a le cuir chevelu sensible aux rayons alors oll pratique un tournesolage quotidien. Ainsi enrichil de chlorophylle, oll est fin prêl à débuter la tarentelle. (...)




Le livre est là à nouveau, sur ma table. Je le feuillette, je reconnais les photographies d’enfance, celles des films connus et moins connus (...)




On a longtemps cru que la Terre était plate, par exemple. Aristote (qui faisait le malin avec la conformité aux modèles existants) était convaincu que les belettes accouchent par la bouche. (...)




Dès lors, les chasseurs habiles pouvaient rentrer en titubant sous un fardeau de viande, les bras pleins d’ivoire, et avec une histoire. Mais ce n’est pas la viande qui faisait la différence. C’était l’histoire. (...)



J’aurais aimé lire Outrages plus tôt pour en parler ensemble. Je t’aurais sans doute dit que l’écriture flottante et soignée m’a déstabilisée, surtout quand tu emploies des mots plus âgés que nous. (...)



Nous sommes les hydro-sexuelles. Nous ressentons l’eau en nous et tout autour de nous. Elle nous aime et nous l’aimons ; passionnément. Nous collaborons avec elle de manière consciente, et nous incarnons notre corps d’eau avec fierté et reconnaissance. (...)




Le genre « sexuel » et le genre dans la langue sont distincts. Les confondre c’est risquer de projeter sur la langue une intentionnalité qui lui est étrangère. (...)




La langue n’est pas sexuée. Ces dames sont priées de ne pas mettre leur utérus sur la table. Ça je l’ai très vite compris. (...)




Tout juste voit-on émerger, vers le milieu du XVIe siècle, les premières ratiocinations linguistiques genrées, et cela dans un lieu éminemment confident confidentiel : les traités de poétique française (...)




Elle prétendait ne pas savoir ce qu’est la poésie, refusait de s’enfermer dans un genre littéraire et confiait, au poète Jacques Roubaud, écrire des phrases « par asphyxie ». Née en 1940 à Rostrenen, en plein coeur de la Bretagne (...)


Malgré le manque de place, j’ai gardé certaines robes : des robes de mariage, de soirée, de vernissage, de deuxième mariage. Des robes pour danser. (...)

mal aux poignets ce matin de tant d'aiguilles
au rythme des serpents et des demis-lunes en bijoux
entre deux effervescences d'Eno
like an again movie star humecte son moral dans un bain de champagne rose mousseux. (...)



Isabelle Querlé, Chimères minuscules

Dans ton cerveau, ta mère. Dans ton estomac, ton fils. Dans ta rate, ta fille. Dans ton coeur, ta grand-mère. Dans tes poumons, ton foetus avorté. Dans tes reins, ta fausse couche. (
...)
Pendant que les autres se taisent
Nous ne sommes pas dans le silence
(...)




La réveil
a sonné tôt cette matine, elle y a
des journées comme celle-là. 
(...)



Depuis quand le masculin l'emporte-t-il sur le féminin ? Quelles conséquences, et quelles solutions trouve-t-on dans la langue poétique, ce genre imagé et rythmé de la littérature ? (...)


Monique Wittig, 1. La catégorie de sexe

Masculin/féminin, mâle/femelle sont les catégories qui servent à dissimuler le fait que les différences relèvent toujours d'un ordre économique, politique, et idéologique. (...)

L'action du langage sur le corps est continue. (...)




Dans l'espèce humaine combien existe-t-il de sexe ? Réponse A : il existe deux sexes. Réponse B : il existe trois sexes. Réponse C : il existe quatre sexes. Réponse D : il existe sept sexes. Réponse E : il existe autant de sexes qu'il y a de gens. (...)




Ce que nous faisons de nos vies, les changements que nous souhaitons leur apporter, dépendent directement de la qualité de la lumière dont nous les éclairons. (...)




Comme c’est le cas dans presque toutes les pratiques d’opposition politique et de résistance minoritaire, le féminisme souffre d’une méconnaissance chronique de sa propre généalogie. (...)




Enlève bas-ventre oui
sais-tu penser à moi
(...)



Un être étrange, composite, fait ainsi son apparition. En imagination, elle est de la plus haute importance, en pratique, elle est complètement insignifiante. (...)



tu dis qui
tu dis quoi
tu dis 
(...)